Encore une relecture ? Il est vrai qu’en choisissant de
replonger dans un livre dont on garde un bon souvenir, on a moins de
risques d’être déçu qu’avec une nouveauté... Cela dit, il ne
faut pas en faire une généralité, car, les années aidant, les
goûts se sont précisés ou ont changé, les exigences envers un
texte également, en général. La déception peut être à la
hauteur des attentes que l’on a envers le livre...
Disons-le tout net, ce n’est pas le cas avec Les Garennes de
Watership Down. J’avais gardé un bon souvenir du livre, sans
pour autant le porter aux nues. Je me souvenais de l’originalité
du propos, du moment agréable que j’avais passé en le lisant...
En le redécouvrant, mon envie première s’est transformée en pur
délice, tant ce livre est une merveille. Non seulement, l’histoire
est une passionnante épopée menant de jeunes révoltés depuis leur
confortable lieu de naissance, menacé par une catastrophe prédite
par l’un d’entre eux, medium, jusqu’à l’endroit inconnu où
ils éliront domicile, mais le vocabulaire utilisé par l’auteur
est riche et fleuri, faisant de la lecture un double moment de
délices... Par ailleurs, le quotidien des héros (qui, si vous ne
l’avez pas déduit du titre, sont des lapins, j’ai omis de vous
le dire) est rendu à la perfection. Bien entendu, c’est le
principe du roman animalier, les animaux sont un peu
anthropomorphisés, puisqu’ils parlent et interagissent, mais, et
c’est la force d’Adams, il laisse à ses lapins leurs
caractéristiques rabiques et bien qu’il détaille par exemple leur
très long voyage, il révèle à un détour de paragraphe que
celui-ci n’a duré que deux jours... Le temps ne s’écoule pas à
la même vitesse chez les hommes et chez les lapinidés à
l’espérance de vie de trois ans... De même que leur périple ne
s’étend en réalité que sur quelques kilomètres... Par ailleurs,
il n’hésite pas à interrompre leurs aventures par des contes de
tradition orale racontée par les protagonistes et qui mettent en
scène Shraa’ilshâ ; le seigneur des lapins, à qui le
traducteur a donné un nom aux consonances indiennes quand l’auteur
avait préféré des sonorités arabisantes. (un soin particulier à
éviter les anciennes colonies ? Bizarre. Je ne vois pas
pourquoi sinon remplacer El-ahrairah par Shraa’ilshâ...)
Périples, aventures, guerre et paix à quatre pattes, comment être
davantage dépaysé ? ;-)
Contes comme aventures sont tout simplement savoureux et j’ai adoré
chaque minute de voyage avec Noisette, Cinquain et les shrar lapins
qui les accompagnent...
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