mardi 26 juin 2012

Le Club des 5 va camper

Dans la longue liste des bouquins que j'ai mis dans le Sac à Dos de Marcel, il y avait un Club des 5, que ma grande a lu avec plaisir... Tant de plaisir que je me suis pris l'envie d'aller y faire un tour moi aussi, en souvenir des grandes heures de bonheur que j'avais eu à lire les romans d'Enid Blyton dans mon enfance...
Las. Passés les premiers sentiments de nostalgie amusée dans la mise en place des personnages, dont on ne peut pas oublier les noms, on se rend compte que l'intrigue est vraiment minimale et sans aucune exigence de crédibilité. Nous sommes ici dans une histoire de trains mystérieux qui circulent la nuit dans la montagne et disparaissent dans des tunnels. Plus fort que Gérard Majax (référence d'époque). C'est, comment dire... un peu gros... Mais bon, on se dit qu'on va se reposer sur la synergie du casting (qu'est-ce que j'cause bien), quand, sans crier gare, on se dit qu'on a vraiment changé d'époque et que Blyton a un train de retard...
Les rôles sociaux des petits héros sont fermement définis et les filles restent au camp pour faire la vaisselle... Bon. On savait déjà pour Annie, mais on s'en foutait parce qu'on avait le souvenir de Claude, égale des garçons, qui sauvait l'honneur et dézinguait les préjugés machistes...
Sauf que c'était juste le travail moral de notre mémoire qui mettait nos lectures d'antan au diapason de nos idées actuelles... Claude (au moins dans ce volume-ci, mais je n'aurai sûrement pas le courage de reprendre les autres) est logée à la même enseigne qu'Annie : elle fait la vaisselle et elle reste sur la touche quand ces messieurs partent à l'aventure. Même si elle essaie de les accompagner par la ruse, celle-ci est éventée. Et quand, le lendemain, elle fait la tête d'avoir été laissée à la traîne, on lui dit qu'elle se vante d'être un garçon, mais qu'elle se conduit comme une fille.
Car, oui, si une fille veut s'améliorer : il faut qu'elle se comporte comme un garçon, idéal suprême... Tout en faisant la vaisselle et les corvées ménagères, parce que, quand même, faut pas déconner...

Au passage, les autres rôles sociaux sont vite réglés : les 5 rencontrent un autre jeune garçon que François et Mick intègrent immédiatement dans leur recherche des trains mystérieux... Ce garçon, Jacquot, a un beau père, maigre, à l'air méchant et chafouin. Pas de problème, c'est bien lui le méchant. Celui-ci veut empêcher Jacquot de rencontrer les 5. Il l'oblige donc à jouer avec le fils d'un ami. Ouh là, le fils d'un méchant. automatiquement, il est bête, falot et tous les autres sont immédiatement ignobles avec lui (mais pas de problèmes, hein, puisque ce sont les héros...)

Même si j'aurais aimé garder l'enthousiasme de mon enfance, j'ai vraiment du mal à passer outre les préjugés de l'époque. Il est vrai que les Famous Five ont été écrits après guerre et que, donc, ça ne choquait pas à l'époque que, parce qu'il désobéit, Jacquot soit menacé d'être fouetté, ni qu'Annie se consacre à ses activités de parfaite ménagère à dix ans, etc. Mais peut-être est-ce parce que je ne m'attendais pas à y être confronté... Je pense que je ferai malgré tout une seconde tentative. Ayant bien en tête ces défauts, je pourrai me consacrer davantage au texte...  ;-)