mercredi 2 octobre 2013

Un beau moment

Ce week-end, une bonne partie du petit monde de la SF avait rendez-vous à la Médiathèque François Mitterrand de Clamart pour honorer la mémoire de Roland C. Wagner, bêtement disparu il y a un an, nous laissant orphelin de son œuvre à venir et, surtout, de sa présence chaleureuse...

"Chaleureuse", c'est un terme qu'on peut appliquer à cette rencontre, à ces retrouvailles de vieux et moins vieux amis de Roland, de sa famille, la vraie comme la littéraire, toutes les frontières étant floues chez lui, tant il avait sa place partout.

Comme un peu tout le monde, j'ai eu peur que le chagrin pèse au-dessus de cette rencontre, alors qu'elle a été un vrai moment festif (comme l'avait été la Bradocon qu'on lui avait dédiée l'an passé), un moment de souvenir intense, très marqué émotionnellement, mais empreint d'énormément de bonheur et de joie à l'évocation de ces souvenirs parfois partagés, parfois découverts, mais dans lesquels on reconnaissait sans cesse le Roland tel qu'on l'avait connu...

Pour moi, cette nouvelle plongée dans mon passé de fanzineux (pas complètement enfui, ni enfoui, apparemment) a commencé la veille en voiturant CJ jusque chez Oncle Joe, dans son superbe et minuscule appartement parisien, caché au cœur de Paris et qui s'est révélé, on s'en doutait, comme un antre mythique, enseveli sous des tonnes de bouquins. Ça me rappelait mes squats intempestifs chez Fred Blayo (même si son appartement était à l'époque plus grand (et plus irrespirable à cause du chat))... Le simple fait d'être accueilli "à la bonne franquette" chez quelqu'un pour la simple (et bonne !) raison que nous partageons à des degrés divers un amour de la SF me replongeait à 100% dans l'esprit fanique qu'il m'était arrivé de perdre un peu de vue...

Tout le monde ayant envie de voir les montagnes de livre, je vais être contrariant et vous mettre plutôt un cliché de l'étrange paysage urbain contemplé depuis la fenêtre de Joe... C'est extraordinaire et on le regarderait pendant des heures...

On peut même faire des variations assez extraterrestres sur le sujet :


Le samedi 28, retrouvailles dans un restau  snack arménien, qui remplit correctement son rôle : réunir tout le monde et caler les estomacs de façon conviviale. A peine entré, un gars me tombe dans les bras en disant "Philippe, ça fait longtemps", je dois avouer n'avoir hésité qu'une seconde avant de reconnaître Michel Pagel, mention honorable, puisque Michel et Francis Z. se sont croisés le matin-même à l'hôtel sans même se reconnaître... Le Z., puisque j'en parle, en voilà un autre personnage dont j'étais très heureux de croiser de nouveau la route... Heureusement qu'on m'avait prévenu qu'il avait fondu, qu'il s'était rasé et qu'il ressemblait maintenant à un simple monsieur très grand. Bon. Cela ne l'empêche heureusement pas d'être un très grand Monsieur... :P

Attablés, Joe Altairac, Michel Pagel, 
Alvaro Salvat, l'ami d'enfance de Roland
et PJT (=PFH, les initiés comprendront)

 Plaisir de manger entre Cathy (qui n'a pas changé d'un iota, ce qui énerve un peu, mais tant mieux pour elle ; ), Natacha (bon, là, j'admets qu'elle a grandi... Mais peut-être est-ce parce qu'elle avait quatre ou cinq ans ans la dernière fois que je l'avais vue) et mon ami André, rescapé du métro/RER...


Tout le monde est captivé par les souvenirs d'Alvaro

Qui a mis le Z. derrière les barreaux ?

A 13h30, nous nous dirigeons vers la médiathèque où nous sommes accueillis par de superbes et émouvants clichés de Roland, exhibant ses premiers romans et trophées, et d'autres de Roland, enfant, visiblement déjà passionné de SF :

Roland accueille en musique l'ami Jean-Luc Buard,
c'est pas cool, ça ?

A 14h30 précises, le grand ordonnateur et maître de cérémonie, Mister Jean-Luc Rivera ouvre l'événement :

Tout le monde saluera son impressionnante maîtrise de la situation, son respect du timing, son sens inné de l'organisation... Même si, c'est vrai, on terminera une minute en retard...

En premier lieu, Alvaro évoquera l'enfance de Roland, ses souvenirs du collège, il nous indiquera le garage qui se trouve maintenant à l'emplacement du bouquiniste où Roland, suite à un accord avec le commerçant, avait la primeur sur tout Fleuve Noir Anticipation qui entrait dans la boutique.

Puis vient l'évocation de nos premières années de fandom et de nos rencontres avec Roland. Michel Pagel ouvre le feu (et me rappelle pourquoi je n'arrivais plus trop à réunir mes souvenirs de Roland à Quétigny : l'animal n'était pas venu, on avait passé notre temps à l'attendre en vain...), sur l'écran passent quelques photos, dont celle que Marie-Pierre Rivelois, qui illustra quelques fanzines dans ces années-là, avait prise avec mon appareil, ce qui explique que, pour une fois, je partageais l'image avec Roland et Michel, on évoque l'aspect de rockloub de RCW, ses amitiés, son enthousiasme, sa gentillesse...  Je glisse mes anecdotes personnelles, Joëlle Wintrebert raconte ses premières conventions également, Jean-Marc Ligny vient nous rejoindre pour parler de sa rencontre, puis nous lui cédons la place pendant qu'il raconte la naissance de Red Deff...
(photo : Marie M - merci...)

Claude Ecken rejoint Jean-Marc et évoque les aventures de Roland au Fleuve Noir. Je connais pas mal des anecdotes, pour les avoir entendues de Roland lui-même, mais il m'avait échappé que ce Schtroumpf avait sciemment fourgué avec jubilation son dyptique "Le Navire ancré dans le Ciel/La Mort marchait dans la rue" sous le titre "Les derniers jours de Mai", ravi que personne au Fleuve ne réalise qu'après un "dernier jour de mai - 1" vient forcément un "Dernier jour de mai - 2" ! 
A posteriori, je n'ai aucun mal à l'imaginer écroulé de rire, car c'était aussi la position dans laquelle il était le jour où il m'a annoncé que le Fleuve Noir allait publier les Red Deff : "tu te rends compte, Red Deff au Fleuve, ils n'ont rien vu, ah je suis fier..."
 Claude Ecken...
...Et son public amusé, ici Joe Altairac et Laurent Génefort...

... qui seront les suivants, avec Philippe Caza et Jean-Luc Buard à évoquer leurs souvenirs et leurs collaborations avec Roland, entrecoupé d'un petit intermède "Garichankar" que Joe m'a incité à faire, JLB ayant cité les tirages effrayants que Roland imposait pour son fanzine (13 exemplaires pour le n°1, 20 pour le suivant)... Plus de gens réclamaient de Garichankar qu'il n'en existait (c'est bien pourquoi je suis si en rogne d'en avoir égaré deux numéros. Je pensais que Roland m'avait peut-être "oublié", mais en les voyant dans les vitrines de l'exposition de la médiathèque, je me suis bien souvenu : je les avais... Ils sont probablement dans une boite où ils n'ont rien à faire, cependant, je ne m'inquiète pas trop...)
 Joe, Caza, très ému quand il explique que Roland l'a abordé un jour en lui disant "j'aimerais que tu fasses les couvertures de tous mes prochains romans"... Flatté, il a dit oui, puis il a plongé dans le monde de Roland et il en est devenu partie intégrante...
Magnifique histoire (et magnifiques couvertures...)
JLB et Laurent Génefort

Récréation musicale, car qui dit Roland dit forcément Rock, le toujours vibrionnant Pascal J. Thomas prend la scène comme un pro en tombant la chemise, comme une star, même s'il a prétendu que c'était pour faire le super-héros (ok, ce n'est pas moins prétentieux, mais c'est notre PJT, il peut et même il doit le faire...)
Remarquable exposé, avec de beaux extraits de garage bands qui faisaient soupirer tout le monde "ah ça, c'est Roland, c'est tellement lui"... Ligny et PJT ont souligné que Roland avait le don d'attirer l'attention de ses amis sur des disques qu'ils étaient susceptibles d'aimer, alors même que ce n'était pas des disques qui épousaient ses propres goûts... Allez, s'il ne faut qu'un regret, c'est que PJ n'ait pas passé un seul morceau de Brain Damage, ce qui est tout de même étonnant...

Les dinosaures parlent aux dinosaures...

L'heure des éditeurs sonne alors et Francis Z Saint-Martin, André-François Ruaud et Mireille Rivalland (où est son initiale centrale ?) viennent parler de leur expérience de travail avec Roland.
Le Z. ouvre le feu en parlant avec le sérieux indéfectible qui le caractérise du cycle du fandom et des pastiches commis par Roland aux éditions de l'hydre. Il emploie un ton tellement docte que ces trésors faniques en paraissent plus importants que les bô livres dont les autres intervenants parleront ensuite... 


Ça m'a fait beaucoup rire, alors je suppose que ça aurait beaucoup plu à Roland... Même si, évidemment, il avait toutes les raisons d'être très fiers des publications dont Mireille et André se sont faits l'écho. Les magnifiques éditions des Moutons, qui viendront orner nos étagères à côté de Poupée, ne sont que justice pour une oeuvre essentielle de la SF, ce qu'André a rappelé avec beaucoup d'émotion...
 Mireille a évoqué autant l'homme et le copain que l'auteur et c'est exactement ce qu'on avait envie d'entendre, car l'oeuvre était indissociable de la vie de Roland. L'entendre parler du fonctionnement de l'esprit de Roland, de sa construction mentale archi-précise de son oeuvre bien avant qu'elle soit couchée sur papier et de sa mémoire phénoménale a ramené une bonne quantité de souvenirs dans mon esprit... Je revois Roland, dans son appartement de "Bourre-la-Reine", en train de jubiler tout en me racontant par le menu le dernier roman dont il avait conçu l'histoire, avec un luxe de précisions et de détails tous tellement dingues que je me marrais avec lui, tout en doutant que tout cela finisse réellement sur le papier... Je vous laisse imaginer ma jubilation quelques temps plus tard en retrouvant toute l'histoire qu'il m'avait racontée dans le roman qui venait de sortir et qui était... La Balle du Néant...

Notre après-midi souvenir, s'acheva par 20 minutes d'exercice universitaire de la part de Simon Bréant, pas inintéressant...

Pour conclure cette après-midi, un petit mot très ému de Sylvie Denis (désolé de ne pas avoir tellement discuté avec Sylvie, mais elle était forcément très occupée)... Puis l'intervention du Sénateur-Maire Philippe Kaltenbach, sur la corde raide du mundane qui tente de parler d'un auteur qu'il ne connaît pas dans un genre qu'il ne connaît pas plus.... Pas trop mal, malgré un faux-pas qui fit rire tout le monde... Richard Wagner le lui aurait pardonné... D'autant que, malgré sa méconnaissance de l'auteur, il a soutenu et même imposé le projet à ses services, ce qui est tout à son honneur !
Sylvie, émue.
 M. le sénateur-maire et la directrice de la Médiathèque,
en présence de Jean-Luc Rivera, Sylvie Denis,
Natacha Wagner et la maman de Roland,
dont la présence a fait chaud au coeur de tous les participants.

Ensuite quelques libations bienvenues pour que chacun puisse discuter avec chacune et réciproquement.... Je manque de photos sur ce coup-là, car la batterie de rechange que j'avais achetée exprès pour pouvoir être tranquille en cette journée... était restée chez Joseph !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!



 Jean-Jacques Nguyen dans un vibrant hommage au Cycle du Fandom...

Après un moment de discussion sur le pavé de Clamart, pendant lequel nous pûmes faire nos adieux aux personnes occupées qui ne pouvaient partager le restau, nous nous rendîmes au restau Tex-mex, loin d'être extraordinaire, surtout pour le prix (mais les boissons étaient divisées entre tous et les SF-istes boivent comme des trous. Bon, j'ai trouvé la note un peu salée vu que je n'ai bu que de l'eau du robinet, mais c'était ma contribution à la convivialité de l'instant ;) ). Sérieusement, l'important c'était d'être ensemble et c'était bien...
 Zandrine, le Z, l'AFR

 CJ, Jeam Tag

Sylvie (à droite, bien sûr :P) et Jean-Luc Rivera
qu'on ne remerciera jamais assez pour sa superbe organisation
d'une journée qui résonnera dans nos cœurs pendant encore longtemps...



Le dernier épisode de cette journée est un  hommage fanique en soi, le genre de plan que des gens respectables ne font pas... Heureusement que nous ne le sommes pas... J'avais proposé à Zandrine et à Jeam de les ramener à Paris, pour qu'ils puissent prendre plus aisément un métro à cette heure tardive. Christine et Joe étaient déjà de la partie, puisqu'on dormait de nouveau dans l'antre altairacien, quand AFR me demanda si je pouvais le ramener à Paris... Sur le coup, je lui dis qu'il n'y avait plus de place, ce dont j'étais désolé, mais devant son air déconfit, le remords nous taraudant, nous suivîmes la suggestion de Jones : se tasser !
Il est vrai qu'horizontalement, il n'y avait plus de place, mais verticalement, je suis sûr qu'on aurait pu entasser encore deux ou trois fans dans la bagnole...
(merci Jeam de m'avoir prêté son appareil qui, lui, avait de la batterie ;-)  )
(Et félicitez-moi, braves passagers, d'avoir résisté à Claude
qui voulait que j'aille à Paris avec sa Ford Ka !!!)



Pardonnez-moi si j'ai oublié des micro-événements, mais cette journée était à l'image de Roland : passionnée et généreuse et les souvenirs ressurgiront probablement par vagues, au moment où l'on s'y attend le moins... Merci à tous les amis et les inconnus que j'ai croisé ce jour et ont fait de cette commémoration un beau moment...

lundi 2 septembre 2013

A poil en civil - Jerry Stahl



Le premier roman de Jerry Stahl est déjà une espèce d’ovni littéraire, mais pas tant que ça... Dès les premières pages on sait qu’on est dans un roman policier, mais on a l’impression d’être plongé dans un film des frères Cohen. Les personnages sont tarés, les situations glauques et hilarantes, c’est un tour de grand huit macabre, pervers et déjanté... Le wagonnet s’élève en cliquetant pendant deux chapitres et puis, zou, on file le long du bouquin où tout se succède, s’entremêle et s’imbrique pour former un réjouissant manège de branques...
Tous les personnages se croisent et jouent un rôle dans le tableau, même les accessoires cités dans un chapitre réapparaissent une centaine de page plus loin au cours d’une action apparemment sans intérêt, sauf celui de faire rire le lecteur et de montrer que l’auteur/peintre, maîtrise toutes ses touches de pinceau. Ce que je trouve si irritant dans un roman policier « sérieux » (Harlan Coben) à savoir les rapports inévitables entre personnages (familiaux, amoureux, professionnels) qui les fait se croiser et s’entrecroiser de façon affreusement théâtrale, dans le mauvais sens du terme devient ici un ressort puissant de l’ironie et de l’humour du bouquin. c’est énorme et hilarant...
Bon, on espère un peu que les fantasmes sexuels de Stahl lui permette d’avoir une vie plus « normale », parce que c’est un vrai festival de situations délirantes et malsaines dans ce domaine-là aussi, même si c’est légèrement plus « sage » que dans « Perv » !!!

vendredi 23 août 2013

Mes hommages à la donzelle - San-Antonio



En une seule journée et avec la gouaille qui le caractérise, notre beau San-A des familles déjoue un complot international visant à offrir à l’étranger les plans d’une fusée ultra-secrète.
Bien sûr, l’histoire est linéaire et minimale, mais la verve habituelle de San-Antonio prend son ampleur dans ce quatrième volet des aventures du fameux commissaire. On a quitté les temps de guerre, ce qui n’est pas plus mal, même si tous les méchants sont Allemands ou assimilé (hé, c’est un San-Antonio, faut pas s’attendre à de la subtilité).
En fait, pour moi qui ai voulu reprendre la série à ses tout-débuts et qui compte en descendre un de temps en temps, comme on suce un bonbon des Vosges, rapidement et avec plaisir, pour passer le temps, brève récréation dans une journée bien remplie, c’est la première fois où j’ai l’impression de lire un vrai San-Antonio. C’est tout dire...

samedi 17 août 2013

Vivants – Isaac Marion

Yo ! Sérieux une "praise" de Simon Pegg, ça le fait !


On a beau avoir lu (et surtout vu) des centaines d’histoires de zombies, rares sont celles qui se démarquent des règles du genre imposées de main de maître par le génial George A. Romero devant lequel tous se prosternent et bavent en reconnaissant sa suprême clairvoyance... De temps en temps, une variation apparaît, cependant et, tout d’un coup, les monstres accélèrent comme dans le film de Zack Snider ou ils sont massacrés avec humour et dérision comme dans Shaun of the Dead...
Dans Vivants, pour la première fois, on découvre l’histoire depuis le point de vue du zomvbie, de sa minimale intelligence résiduelle et son manque de sentiments, logique chez un mort... Évidemment, on aurait du mal à dépasser les trois pages de « Grrr, argh, Akhhhh » si on en restait là... Mais Isaac Marion est malin : pour commencer, notre Zombie déplore de ne pouvoir articuler les mots auxquels il pense, puis il ressent un flash de plaisir et de « souvenirs de l’avant-vie » lorsqu’il dévore le cerveau d’un vivant...
C’est au cours d’un de ces repas « jouissifs » qu’il ressent intensément les sentiments de sa victime, sous les yeux du grand amour de celle-ci... Semblant de vie, puissance de l’amour : le zombie kiffe la meuf (oh pardon, je m’suis laissé emporter : c’est quand même assez ado ce bouquion ;-) ) Il sauve la vie de la fille en la dissimulant à ses compagnons mort-vivants et il garde en poche une bonne dose de ce délicieux cerveau qui lui lâche des bouffées de souvenirs amoureux...
Tout le bouquin est à la fois une classique aventure zombiesque et une évolution des morts-vivants, vers un retour partiel à la vie, une autre forme de vie à partir de la mort... C’est excellent et très « vivant » (ok, c’était facile!) pendant les trois quarts du livre, puis, malheureusement, ça vire un peu fleur bleue, mais ça reste très plaisant... Un peu de naïveté ne peut nuire en ces temps de cynisme total !

jeudi 15 août 2013

Joyland – Stephen King



Cela fait trente ans que je suis un « Constant Reader » de Monsieur King, que j’ai suivi lors des ses « ratages » (Tommyknockers, Dreamcatcher, Duma Key, et quelques autres) et je me réjouis de le voir retrouver une inspiration pleine entière tout en nous faisant bénéficier de son expérience d’auteur serein et sage ;-)
Sérieusement, avec Nuit Noire, étoiles mortes, Dôme, 63/11/22 et même Blockade Billy et maintenant ce Joyland, je me suis trouvé plongé dans les histoires de Papy King, emporté par la main par son style inimitable, mâtiné de la nostalgie et du désabusement de ses vieux jours. Et pourtant, malgré la noirceur et les péripéties, je trouve toujours un incroyable optimisme et une évidente jubilation du conteur qui me fait à chaque fois attendre avec impatience le prochain volume... Puisse-t-il garder encore longtemps sa fraîcheur d’écrivain et son enthousiasme de narrateur, le paysage serait trop vide sans notre King annuel...

« Petit » roman de Stephen King, par la taille, ce Joyland paru dans la même collection que le bien plus anecdotique « Colorado Kid » voit le narrateur nous raconter l’été de ses 21 ans, pendant lequel, pour faire bouillir la marmite et contribuer à financer ses études, il trouva un emploi de saisonnier dans un parc d’attraction, que les monstres Disneyiens ne menaçaient pas encore... Ce parc, où il espère voir se disparaître son premier chagrin d’amour, a été autrefois le lieu d’un horrible crime non élucidé, et le train fantôme abrite, paraît-il, un fantôme...
Ahhhh, le mot est lâché. On est dans un Stephen King, donc vous pouvez rayer le « paraît-il » : il y a un fantôme. Et un criminel impuni. Et un enfant qui possède « the sight » (le « shining », quoi). Et un jeune héros tout aussi héroïque qu’ordinaire, des amis indéfectibles, des têtes de con, des vieilles dames sympathiques, du rock’n’roll, de l’amour, et même Howie the hound, une version romancée de Scooby-Doo, histoire de ne pas avoir de souci de copyright (mais la référence est ouvertement citée, ça évitera aux râleurs de parler de plagiat, il n’y aura pas de procès d’Hanna-Barbera contre King ;-) )
L’auteur lâche ses éléments « durs » par petits morceaux, comme d’habitude, et il s’intéresse davantage à ses personnages, à leur vie, à leur interaction, il parsème le tout des réflexions de notre narrateur d’une soixantaine d’année regardant quarante ans en arrière, ce qui donne le ton doux-amer, mêlant nostalgie et ironie, pas très lointain de celui de « 63/11/22 » d’ailleurs. On le suit dans cette histoire avec plaisir, en oubliant le pitch parfois. Et on se dit soudain « mais au fait, il n’y avait pas un fantôme dans cette histoire ? » C’est ce que King a dû se dire aussi, alors, il y est revenu, c’est ce que j’adore dans le bouquin : on y revient, tout est expliqué, élucidé à un moment ou un autre sans effet grandiloquent, ni débauche de surnaturel. Juste ce qu’il faut. Un délice.
C’est un court bouquin et c’est très bien, car c’est une petite histoire. Il y a dix ans, elle aurait peut-être été artificiellement gonflée pour atteindre le « format best-seller » et c’est ce qui a donné certains des romans les plus mal fichus du King. Là, elle a juste l’épaisseur dont elle a besoin pour se développer harmonieusement, se raconter, se vivre et se résoudre. J'ai adoré chaque moment que j'ai passé à le lire, me délectant des odeurs, des saveurs, des émotions. Un régal de bouquin...

mercredi 14 août 2013

Perv, une Histoire d’Amour – Jerry Stahl



Réjouissante découverte, via le forum, que ce Jerry Stahl, écrivain américain à la croisée des John Fante, Brautigan, et Christopher Moore...
Ce « Perv » est muni d’un étrange titre français, le mot n’étant jamais utilisé dans le livre français, il aurait peut-être fallu être logique et le baptiser « Dépravé, une histoire d’amour »... Ou bien garder le terme « Perv / Pervert » dans le livre ? Je ne sais pas, je n’ai pas le texte original sous la main.
Sinon, ce n’est pas le genre de livre qu’on a envie de résumer, il vaut mieux s’y immerger carrément. De toutes façons, c’est tout l’un ou tout l’autre : ou vous êtes accro ou vous êtes dégoûté et vous le refermez...
Disons qu’on y suit les aventures d’un jeune collégien qui se fait virer de son collège après une petite sortie extra-scolaire nocturne qui a mal tourné.
Il faut dire que tout tourne mal tout le temps, à chaque moment du livre. C’est complètement noir, déjanté, ignoble, triste et en même temps irrémédiablement imprégné d’un humour désespéré et horrifique.
Tous les personnages, l’un après l’autre, sont gravement allumés et sexuellement « hors-norme », ce qui mène à des situations souvent horribles et qui peuvent choquer. Faut être cool et avoir le cœur bien accroché... Pourtant aussi immonde que ça ait pu devenir à certains moments, j’ai été accroché immédiatement par le style rentre-dedans et accrocheur à l’humour troisième degré, mais aussi par le destin du personnage principal et son invraisemblable quête d’amour, le titre n’est pas mensonger...
Démesuré, désespéré et drôle...

 À noter la magnifique photo(1) d'Eliott Erwitt, photographe dont le travail est tout simplement superbe... Suivez le lien...

(1) Et pas seulement parce qu'elle est callipyge, bande de mauvaises langues...

Le Déménagement – Meg Cabot



De Meg Cabot, je n’avais pas aimé le « journal d’une Princesse » ; beaucoup trop formaté « jeune fille issue de famille recomposée à l’américaine, bcbg pour chaîne Disney », don,t le ton cependant était « presque » à mon goût... du coup, j’avais entamé la série des Mediator, fantastique pour midinette « à la Buffy », dont je continue à dire du bien sur ce blog, tome après tome...
Je me suis donc décidé à entamer une autre de cette série pour les jeunes plutôt destinée aux petites filles d’une dizaine d’année... J’ai tendance à connaître la tranche d’âge.
Bon. c’est sympa, mais on retombe un peu trop dans le formatage systématique. j’avoue que je me suis ennuyé et que j’ai laissé tomber en cours de route. Mais ça doit pouvoir toucher son public...
J’attends de pouvoir en discuter avec une vraie fille de dix ans...
Bon, Lolo, tu le lis, oui ou non ?

dimanche 11 août 2013

Arizona Max- Robert Muchamore



Troisième tome des (més)aventures de James et ses « super-zamis » espions de moins de seize ans dont il faut reconnaître la redoutable efficacité. C’est vif comme une bonne série américaine et ça joue d’ailleurs sur les mêmes ficelles et donc ça devient de mieux en mieux à mesure que les personnages et leurs interactions sont développées. Dans cet épisode, la mission de James et de son beau coéquipier, Dave, dont l’expérience et la beauté physique qui auraient pu faire de l’ombre au héros sont évacuées derechef dès le début de l’aventure, est d’infiltrer le quartier haute-sécurité d’une prison pour faire évader le fils d’une mystérieuse et surpuissante terroriste, afin d’avoir levier sur elle...
Mission impossible meets Prison Break version teen-agers.
Honnêtement, après plusieurs incursions dans le genre « roman d’espionnage », force m’est d’avouer que c’est cette série pour ados que je trouve la plus réjouissante et addictive... J’aime distiller les séries et ne pas les « enquiller », mais je doute que j’attende très longtemps pour entamer le tome 4 !!!

samedi 10 août 2013

Le Tailleur De Pierre – Camilla Läckberg



Troisième « aventure » de Patrick Eldstrom et Erica Falck écrite par Camilla Läckberg, nouvelle coqueluche scandinave et « reine du crime ». Ce tome 3 commence à accumuler/amplifier toutes les ficelles des deux premiers, tueur « local » à l’histoire écrite « en parallèle », un chapitre sur son crime actuel et l’enquête policière, un interlude sur son passé censé justifié, à terme, son attitude létale.
Ce qui faisait le sel du premier roman, à savoir l’enquête teigneuse de la romancière qui dépassait et aiguillonnait les policiers locaux est complètement absent de cet opus. La romancière est devenue une jeune maman angoissée, voire même plutôt névrosée (mais à peu près tous les personnages le sont, là-dedans : si l’ambiance décrite est fidèle à la vie quotidienne dans cette région, désolé de le dire, mais ils sont tous fous, ça fait peur  !!!!), du coup toute l’enquête est menée mollement par son mari Patrick, malgré la nullité de la plupart de ses collègues. Le personnage ridicule du commissaire est de nouveau mis en avant pour des épisodes burlesques parfaitement inintéressants...
Bref, à mon sens, le roman se laisse lire, si on l’a commencé, mais je ne me sens pas trop l’envie de me plonger dans le prochain volume... Je le ferai sûrement, tôt ou tard, pour tâter le terrain. Si je sens que ça ne se « redresse » pas, j’irai voir ailleurs...

L’antestament – Metantropo



Sous ce pseudonyme sans intérêt se cache (?) un auteur pour enfant : Christophe Loupy. Personnellement, je trouve cela un peu bizarre et je cherche à comprendre... Est-ce parce qu’il ne veut pas que ses lecteurs enfants ouvrent par accident un de ses livres pour adultes, attirés par son nom ?? Admettons...
En tout cas, ce Metantropo aurait suffisamment de succès pour être traduit en anglais et, à l’occasion de la publication en anglais de ce livre, il aurait mis Stephen King au défi de deviner la fin. Notez le conditionnel : j’ai vraiment du mal à gober la réalité de cette publicité facile et, quand bien même ce serait vrai, on n’a pas de trace de l’éventuelle réponse de Stephen King... Il faut dire que pour que celui-ci réponde, il lui faudrait réussir à lire en entier le roman, ce que je n’ai pas réussi à faire !!! (Mais bon, je ne suis pas King, hélas ! Mais j’ai retenu la leçon de ce bouquin, regardez : il suffit de citer son nom à tort et à travers, Stephen King, et hop ! Mon blog monte dans les moteurs de recherche ! Trop fort ! En fait, je devrais le faire dans chacun de mes articles et je finirais en première page de Google... :-P )

Pour en revenir à ce roman, je comprends qu’il puisse plaire à certains, il n’est pas mal écrit (encore que) et il y a sûrement une aventure valable là-dessous (j’sais pas, j’ai autre chose à lire, pas envie de creuser) et les aventures ésotériques à la Dan Brown ont du succès (tiens, Dan Brown, pourquoi ne pas l’avoir mis au défi, Dan Brown ? Là, on aurait mieux vu la filiation... Ça rapportait moins de curieux, Dan Brown ? (En tout cas, je l’ai cité 4 fois en trois lignes, on ne sait jamais...) Le problème pour moi dans ce bouquin, c’est que c’est une espèce de « roller coaster » sans épaisseur. Dès le premier chapitre, trois jeunes gens, riches et beaux, affrontent la plus mystérieuse des morts dans un déluge d’action détaillée. On se croirait dans la dernière demie-heure d’un Indiana Jones, mais rassurez-vous, « c’était un rêve » (j’ai toujours détesté cet expédient grossier). Le roman commence au chapitre 2, alors ? Ben non, on part sur un épisode de la vie d’un des personnages ; romanesque à souhait, grandiloquent, creux. Rebelote au suivant et au suivant encore. Tout est écrit au présent (faut pas bousculer le « lecteur de base »), avec quelques envolées de vocabulaire (faut pas perdre le lecteur « intello »), les personnages sont vides et flamboyants, les péripéties héroïques et pas crédibles pour deux balles. Bref, on s’ennuie (JE m’ennuie...)
Clic. Abandon. Passons au livre suivant...
Ah ben tiens, coïncidence, c’est le dernier Stephen King, Joyland... Pas de retour en arrière possible... 25 premières pages : il ne se passe RIEN. Le narrateur raconte un été, 40 ans plus tôt, il était étudiant et puceau, il était sur le point d’éprouver son premier chagrin d’amour et il postulait pour un emploi au parc d’attraction. Sur le chemin de celui-ci, tous les jours il faisait un signe de la main à un enfant en chaise roulante, accompagné de son chien et d’une jolie femme sur le pas de leur porte. Voilà. Pas d’action, de l’exposition, avec toute l’humanité de Stephen King à l’intérieur, des mots vrais, des émotions tellement évidentes... On VEUT savoir la suite... Tout le monde n’est pas Stephen King (PERSONNE n’est Stephen KING, à part Stephen King), il est plutôt dangereux de s’en prévaloir si on ne veut pas lui être comparé...

(Si je ne monte pas dans les recherches Google, j’y comprends rien :-P )


vendredi 9 août 2013

Ouh le tricheur !

Eh ben oui, mais non... C'est vrai que j'ai "posté" la carte postale le 6 août de chez moi, mais je l'avais écrite là-bas en vacances, c'est juste qu'il n'y avait pas de connexion là-bas... Même pas de téléphone, c'est dire...

Et bon, c'est pas fini de tricher : j'ai lu plein de bouquins là-bas et j'en ai chroniqué plusieurs... Mais je ne voudrais pas noyer mes fidèles lecteurs :-P (ni griller toutes mes cartouches)... Je vais distiller les chroniques l'une après l'autre, tranquillement.... L'idéal serait de continuer à en écrire pendant ce temps là, mais bon, la fainéantise, c'est chronique, malheureusement : je ne me fais pas trop d'illusions...

;-)

mardi 6 août 2013

Carte Postale

 
 
 
A tous les malheureux qui travaillent comme des fourmis, j'offre un coup de fraîcheur...
 
Dans une semaine, je reviens de vacances, en temps ordinaire, le temps passe moins vite...
 

mercredi 10 juillet 2013

Main Square Festival - Arras - 5 juillet 2013

Je sais bien que le Main Square dure trois jours, mais je n'avais pris que des tickets pour le premier jour (vu le lumbago colossal que je me paie, j'ai été avisé de m'en tenir là)... Le samedi, surprise, le premier groupe c'était Mike and the Mechanics et j'aurais été curieux de voir ça, mais ma curiosité se serait à peu près arrêtée là... En tête d'affiche, c'était Sting... En 2013, je ne suis pas sûr que c'est une bonne idée... Mais je peux me tromper, faut reconnaitre que le gaillard était plutôt bon quand je l'ai vu... Il y a 25 ans !

Le dimanche, tandis que j'étais couché et bourré de Codéine et de paracétamol, il y avait quelques bons groupes... et puis Indochine à la fin.... Comme ça au moins, pas de regrets de rentrer chez soi ! Je suis dans l'incapacité totale de comprendre pourquoi 30000 clampins se sont pressés pour voir ces (vieux) blaireaux jouer mal leurs mauvaises chansons, mais bon... Il paraît que tous les goûts sont dans la nature, même les plus mauvais... Revenons plutôt au vendredi...

Étrange méthode pour ouvrir les portes : une énorme queue se forme devant les barrières où les gros bras laissent passer les gens dix par dix pour pouvoir les fouiller (selon des critères plus ou oins définis) On m'a tâté les poches et les cuisses, mais Coco est passée sans problème. A la place du fouilleur j'aurais fait l'inverse, mais il préférait probablement les grands barbus... Heureusement que j'avais donné à Claude les couteaux et les nunchakus... Pour la réserve de drogue, l'alcool et les faux billets, je les avais laissés à Eléonore : on suspecte moins facilement les moins de douze ans...
Sérieusement, heureusement qu'on était à l'avance et qu'on n'avait pas pris de dessert au restaurant japonais...

On arrive donc sur les lieux à 15h et déjà Twin Forks est en train de jouer, mais le son est au minimum et on comprend vite qu'ils finissent leur balance... Ils sortent de scène et on attend...
C'est la partie la moins cool de ce festival, celle qui va me casser le dos : l'attente, assis par terre, sans dossier, sur le coussin formé par le sac contenant pull et K-way, au cas où... vu le temps qu'il va faire, ce sac le fera chier pendant tous les concerts... Sa seule utilité sera de fournir une vague épaisseur sous mes fesses entre deux sets... "Insuffisant !" me crient les muscles contracturés autour de L4-L5...

A 16h, retour de Twin Forks sur scène, pour un set de près d'une heure... C'est très cool de la part du festival d'offrir même aux petits groupes un vrai set permettant de faire ses preuves... 45 minutes, c'est un peu juste, mais là, une heure, c'est royal... (et c'est traître aussi : quand le groupe est mauvais, ça craint !) Ce premier groupe est, heureusement, très sympa : du folk américain, avec une belle pêche. Un chanteur bondissant avec une guitare acoustique, un bassiste, un batteur et une jolie chanteuse avec une mandoline électrique. Très agréable et très sympa. Malheureusement, et ce sera vrai de presque tous les groupes de ce festival DE MERDE (ce qu'aucun média ayant couvert l'événement n'a signalé), le son est POURRI ! Le connard qui fait office d'ingé-son pousse les basses comme dans une discothèque confondant le rock et la techno. Résultat, on n'entend la guitare acoustique que quand elle joue seule. Tout le reste est noyé dans le fracas de la basse/batterie, ne parlons même pas de la mandoline. Les vidéos que j'avais vues sur le net et le disque écouté après coup me confirment que c'est un bon groupe (ils nous ont même fait la surprise et le plaisir de reprendre un titre de Fleetwood Mac), mais au Main Square, leur prestation est gâchée, on n'entend même pas la mandoline et on est obligé de se boucher les oreilles avec des BAB... Triste.
Si vous êtes curieux, vous pouvez envoyer un mail à twinforksmusic@gmail.com et vous recevrez immédiatement un lien pour télécharger gratuitement 4 chansons du groupe?. Sympa.
Un petit exemple de Twin Forks :


On a juste trouvé que la chanson "Praise the Lord cause I saw the light" était de trop... Va savoir pourquoi...

30 minutes de pause (vive la liseuse, j'ai avancé dans World War Z... Va falloir que je mette à jour ce blog avec tout ce que j'ai lu :) ) Il faut reconnaître à l'organisation du Main Square d'être très performante : les concerts démarrent très précisément à l'heure programmée. La grande classe... Il ne manquait qu'un ingénieur du son compétent...

A 17h, arrivée du groupe Rival Sons. Groupe de Californie. Sur les vidéos que j'avais vues, ça sonnait pas mal : à mi-chemin entre les Doors et Led Zeppelin... Les nouveaux "The Front"... sur scène, c'est une autre paire de manches... D'entrée de jeu, le chanteur m'exaspère avec ses poses de poète maudit vivant à fond ses chansons anecdotiques. C'est plat, c'est long, c'est banal, c'est ennuyeux ( et c'est quasiment inaudible, saloperies de basses à fond la caisse)...

De plus le batteur est misérable et ne se contente pas d'être à chier : en plus, il cherche les caméras du regard et prend les poses les plus diverses pour bien monter sa crête et ses tatouages.
Ringard et insupportable... J'ai sorti ma fidèle liseuse et j'ai lu pendant la moitié du set !!


Après les 30 minutes d'attente règlementaires, ce fut le tour des écossais de Biffy Cliro...
Bon; je n'avais vu qu'une paire de clips sur You tube, deux morceaux très cools et vaguement variété, et je m'attendais à un set vaguement chiant. Mais non, une heure avec des bariolés torses nus qui s'éclatent en tortillant mignonnement du croupion... Franchement pas mal. juste dommage que le son soit ruiné une fois de plus par le déferlement de basse, rendant le set assourdissant, obligeant à recourir aux bouchons d'oreille (au silicone, bien occultant). Dommage, très dommage, car ils avaient une vraie présence sur scène et leurs chansons paraissent pas mal du tout. Je vais écouter un album...

Arrivé à ce moment du festival, je dois avouer que j'étais assez désespéré : perdre autant de temps, avec autant d'inconfort pour écouter un son de merde, avec des bouchons, ce que je déteste. Mais voilà que tout ce que le public compte des minettes à peine pubères se précipitent dans les premiers rangs. Nous maintenons notre position avec difficulté (déjà qu'il avait fallu résister aux assauts des connards qui pogotaient sur Biffy Cliro (putain, ils devraient essayer d'écouter DU VRAI rock). Mais on y parvient... Entrent sur scène deux clampins en costume avec des masques à gaz. Ils restent stoïques pendant de longues minutes : ils font partie du décor de 30 seconds to Mars, le groupe suivant...
Un set de 90 minutes étonnant... Le groupe est  très attendu, il a un succès phénoménal et, c'est paradoxal, il offre un show réjouissant et que je ne regrette pas une seconde, tout en n'offrant rien de bon... 30 STM est à au rock ce que McDo est à la gastronomie. Ça présente bien, ça nourrit, c'est consensuel (ou presque), c'est 100% programmé et dosé par le marketing... La musique n'est pas mauvaise (en gros, on dirait du U2), les musiciens pas mauvais (ça manque de soliste), le show épatant (à coups de ballons gonflables, acrobaties, lumières, pyrotechnie), la présence et l'implication sur scène de Jared Leto est à l'avenant : il n'arrête jamais, il se défonce, il communique avec le public et pas une seconde ça n'a l'air sincère. Il demande au public de sauter sans arrêt (mais la musique est un peu molle), il veut des mains en l'air, il veut même qu'on lève le poing sur une chanson intitulée "This is War", à l'imagerie guerrière (euh, là, désolé, je n'ai qu'un doigt à t'offrir, Jared... Il a fallu que j'aille vérifier après, sur le clip, que la chanson était contre la guerre : ce n'est pas du tout évident à l'écoute).
En revanche, j'ai enfin pu ôter les maudits bouchons de mes oreilles : le son est fort et bon. Putain, si seulement on avait pu bénéficier d'un réglage correct pour les groupes précédents !
Bref, 90 minutes excellentes, de quoi chauffer la "salle" avant Green Day...

En tout cas, c'est très rigolo : j'ai souffert le martyre pendant l'immonde bouillasse sonore de Biffy Cliro et j'ai envie d'écouter leurs disques, alors que je me suis bien amusé pendant les 90 minutes de 30 stm et que jamais je n'en mettrai un titre sur mes disques durs (et encore moins ma cédéthèque...)

Nouvelle attente, nouvel afflux de public et c'est le tour des rois de la soirée...
D'abord, envoi de Bohemian Rhapsody... vlan, comme ça, ça chauffe le public qui se met immédiatement à chanter... puis un petit coup d'Ennio Morricone... Je ne me souviens jamais si c'est "Le Bon, la Brute et le truand" ou un autre : j'ai vu aucun western spaghetti (non, sans rire, aucun) Et enfin,  le lapin Duracell (sans queue) entre sur scène pour nous faire un sketch... Puis... Green Day !

Et alors là, le pied. Rien à dire : un show énorme, un son parfait, une présence sur scène incroyable. Juste un peu trop de "give me your hands", mais bon, on avait été vacciné avec Jared Leto... et puis ça manque de solo, mais c'est Green Day, on sait ce qu'on est venu voir et entendre : du rythme, de la pêche punk-rock et c'est ce qu'on a, ça arrache... Des moments magiques : une reprise d'AC/DC qui a l'air d'être complètement improvisée, un moment où Billie Joe Armstrong fait monter sur scène un gars pour lui faire jouer la guitare... Pendant 5 minutes on a un jeune au paradis devant nous, et à la fin, il se voit offrir la guitare sur laquelle il a joué... J'ai bien cru qu'il allait défaillir...

Non seulement, ils ont la pêche, non seulement ils sont bons, non seulement ils déchirent... Mais en plus ils jouent pendant 2h20 ces cinglés !!!! Et il faux voir le délire à la Marx Brothers sur King of the Day... Ah pardon, à la Benny Hill, plutôt, c'est moins prestigieux, mais bon...

Un grand moment de bonheur...


Après Green Day, il y avait The Prodigy. J'étais juste un peu curieux... Mais on s'est barré !! ;)

lundi 8 juillet 2013

On m'avait vivement conseillé les romans d'aventure de Clive Cussler, un must, de l'action, du suspense, l'aventure avec un grand A, écrit avec un grand E...

Euuuh...



Je commence Mayday, je tombe sur un Indiana Jones militaire (je préfère les archéologues) qui sauve une base militaire attaquée avec un vieux coucou et une carabine. Admettons, c'est de l'aventure, on n'a pas besoin que ce soit réaliste. Juste crédible...
Au deuxième chapitre, il sort se balader en caleçon sur la plage et, justement, une jolie femme vient le rejoindre. La pauvre est veuve et éplorée. Et jolie. Qu'à cela ne tienne, le Héros au grand H emmanché d'un long vît lui colle une bonne baffe et l'engueule comme du poisson pourri. Une femme belle comme elle doit immédiatement cesser de porter le deuil et de pleurer un salaud qui l'a abandonnée en mourant. Elle pleure un bon coup, puis ils font l'amour passionnément. Comment résister à tant de mâle bon sens quand on n'est qu'une conne de femelle.

Bon. Déjà je sens frémir l'abandon. Mais, trop curieux, je continue. Notre viril héros va manger chez sa nouvelle chérie. Il pète la gueule du chauffeur sur la route (faut bien se tenir en forme), puis il se fait prendre au piège par le tonton de la fille qui est le grand Méchant (c'est un allemand, faut dire, donc un nazi, ça va de soi)... Rassurez-vous, il va s'en sortir, nu et victorieux après avoir massacré un chien tueur au passage...

Ensuite, je vous laisse lire, moi j'ai effacé le dossier "Cussler" de ma liseuse...


mercredi 22 mai 2013

Torture

Comme ça fait trop longtemps que je n'ai pas blogué, je vais frapper un grand coup en me faisant haïr de tous les amoureux de Star Wars et même des autres probablement, grâce à l'extrait le plus immonde jamais trouvé sur You Tube... Bizarre qu'avec une télé de cette qualité 99% de la population soit téléphage. Une preuve de plus que les gens sont très cons...

Heureusement qu'1% lit mon blog.

Sinon, oui, ça va les chevilles...


samedi 4 mai 2013

A l’Aube des Ténèbres – Fritz Leiber


Nouvelle incursion dans un roman de Fritz Leiber. Un que je n’avais jamais lu cette fois-ci...
Malheureusement, on est loin du Vagabond... C’est un bon roman d’aventures SF, certes, mais il a un peu de mal à démarrer. Le choix narratif de Leiber pour expliciter les tenants et aboutissants de son monde (dans le premier chapitre) est ahurissant de naïveté et plutôt ennuyeux...
Il faut persévérer et ne pas s’appesantir sur les cent premières pages pour se laisser prendre au rythme de cette lutte entre Hiérarchie et Sorcellerie, assez sympathique... Mais anecdotique...

mercredi 1 mai 2013

Le Vagabond – Fritz Leiber


Grosse envie de relire ce vieux classique qui m’avait enchanté en mars 1981 (oui, je faisais mes fiches à l’époque ;-) ) J’ai bien fait : c’est un excellent roman et ça tient largement la route en 2013. Leiber s’amuse à nous rendre tout petit devant un événement cosmique qui n’est guère qu’une banale poursuite de police... Roman à emboîtements successifs, multitudes de points de vue parfaitement maîtrisée (qui sera reprise des années plus tard par le cinéma... Spielberg, t’as lu Le Vagabond avant de plancher sur Rencontres, non? (Merci de répondre en commentaire)). La traduction est un peu « arrondie » et ampoulée par rapport aux extraits de la VO que j’aie pu lire et elle contient quelques raccourcis saisissants (et plutôt affligeants) entre lunes et planètes, mais elle reste tout de même très lisible...
Ça fait deux fois que je relis du Leiber et que je tombe sous le charme... Il va falloir que j’aille faire un tour du côté de ses nombreux autres livres... que je n’ai pas lus !

mardi 30 avril 2013

Le Baiser de la mouche – Chris Simon


Le Baiser de la Mouche est un court recueil de nouvelles fantastiques, sept exactement. Je mentirais en prétendant que je l’ai beaucoup apprécié. Pas parce qu’il est mal fichu, au contraire : l’écriture en est vive et précise, recherchée, poétique, les ambiances y sont détaillées et riches. En revanche, les « intrigues » ne correspondent pas à ce que j’attends (et aime) du fantastique... Même si le canon « strict » du fantastique est respecté ici (intrusion d’un élément impossible dans la réalité), cet élément n’est pas le moteur du récit, ni même un point d’appui. Le surnaturel y est une péripétie presque... naturelle, faisant partie du décor et acceptée par les personnages qui s’en étonnent à peine. On s’enfonce davantage dans une ambiance onirique et étrange, mélange de réalisme et de songe, de surréel et de trivial, que dans des intrigues ficelées, plus proche de l’horreur, et c’est un peu à côté de ce que je m’attendais à trouver dans un recueil de « Nouvelles Fantastiques », mes préférences errent plutôt du côté de l’horreur moderne.
Cela dit, je comprends très bien que le domaine est suffisamment vaste pour inclure les textes de ce recueil qu’on serait bien en peine de « cataloguer » et que s’ils ne siéent pas nécessairement à mes goûts, ils peuvent rencontrer leur public, car ils le méritent... Pour les amateurs de sombre poésie, d’ambiance onirique, de fantastique à tendance cauchemar soft, une petite « mise en bouche »...

Retrouvez l'auteur, son univers et ses livres sur : http://www.ebookbychrisimon.com/

jeudi 18 avril 2013

Fiction Spécial 28 - Toxicofuturis



Oh la la... Autant j’ai plaisir à relire les univers, autant je n’aurais probablement jamais ouvert cette antho si j’avais eu la malchance de la lire à l’époque... Bon. Tout arrive tôt ou tard, j’ai eu la malchance de la lire de nos jours...

Que c’est mauvais... A croire que Demuth n’avait aucun goût ou aucun choix... Etant donnée la qualité du bouquin, sur papier torchon type « Fiction » déjà jauni dès sa sortie, avec un texte visiblement non corrigé (coquilles, fautes d’orthographe et d’accords pleuvent à verse), on peut supposer que l’anthologiste disposait d’un pécule si dérisoire qu’une fois rameuté les copains, il ne pouvait pas se permettre de leur refuser leur texte. On peut supposer que ceux-ci, devant la somme dérisoire qu’on leur proposait, sortait de leur tiroir les machins innommables qu’on leur refuserait ailleurs...
Je ne sais pas, mais j’aimerais bien leur trouver des excuses, parce que si j’ai entrepris de lire ce recueil, c’est que le sommaire m’intéressait et que les noms des auteurs m’attiraient...

Hélas, entre le machin infâme torché (c’est le cas de le dire) par Frémion, la nouvelle foutraque et anodine de Jan De Fast, les textes banals et immédiatement oubliés de Barlow, Walther (shhhheshhh), Houssin, Dermèze (gentil), Jeury et Alexandre... Il ne restait pas grand chose à se mettre sous la dent... Le Curval n’est pas trop mal et le texte de Michel Leriche est étonnant, car il ne décrit pas mal notre monde... d’aujourd’hui ! Ce qui n’est pas souvent le cas des textes de 77...

Bon. On ne meurt pas d’un mauvais livre... Il y en a d’autres ;-)

vendredi 12 avril 2013

Tuons et créons, c’est l’heure – Lawrence Block

Malgré le titre français qui ne donne pas envie de s’arrêter, j’ai lu dernièrement cette deuxième aventure de Matt Scuder, cet ex-flic détective qui n’en est pas un... J’ai apprécié, comme la première fois, l’écriture sèche et la caractérisation du personnage, très « noir ». Le héros dur, mais honnête, toujours prêt à prendre sur lui et qui triomphe, de justesse, des bagarres et attentats qu’il subit...
En dehors de ça... L’intrigue ne tient pas vraiment debout, « l’enquête » est sans intérêt et les déductions du détective sont crétines et sans fondements.
Bref, un bon roman policier, mais pas bon...:-(

Je pense que je me laisserai tenter par une 3e aventure « pour voir », mais que si Block ne redresse pas la barre, ce sera la dernière...

jeudi 11 avril 2013

Eros au Futur - Fiction Spécial 27

 Nouvelle plongée dans un futur du passé et dans les seventies... Je deviens un vrai vieux con nostalgique, ce qui est toujours mieux qu'un vieux con mort ou fasciste ou amorphe ou pas mal d'autres choses encore que je ne souhaite à personne...

Contrairement au dernier Fiction Spécial que j'ai exploré, celui-ci est d'une très bonne tenue (exception faite des coquilles et fautes diverses, mais bon, on sait qu'Opta était un éditeur merdique qui ne privilégiait guère l'étape "correction" de ses bouquins...)

Il est tout de même plus aisé de créer une anthologie de textes étrangers que français... Même s'il y a de très bons écrivains en France, il faut, en tant qu'anthologiste, oser refuser un texte qu'on a sollicité. Ça ne doit pas être évident... Si je retourne au FS 28 de la fois dernière, vous imaginez Michel Demuth, après avoir demandé un texte spécifique à Yves Frémion, alors rédacteur en chef d'univers, revue cotée dans laquelle Demuth pouvait espérer publier un de ses propres textes, refuser celui-ci ?? "Écoute, Yves, tu te fous de ma gueule, la merde que tu as envoyée est la pire chose que tu aies jamais pondue ! N'importe quel collégien m'aurait fourni mieux et si on t'avait envoyé cela, même en bouche-trou, tu te serais essuyé les pieds dedans...

Non. Je ne pense pas. C'est plutôt : "Ah merde, il se fout de ma gueule, la merde qu'il m'a envoyée est la pire chose qu'il ait jamais pondue ! Bon. Tant pis, je ne peux pas la lui refuser, j'ai une nouvelle en attente pour Univers. Et puis, j'aurai jamais assez de textes pour ce Fiction si je refuse. Oh, tant pis, je m'en fous, je serai payé pareil et lui aussi... De toutes façons, personne ne retient jamais le nom de l'anthologiste, alors..."

Évidemment, pour Jacques Chambon, le travail était plus aisé... Il n'avait qu'à choisir dans des anthologies anglo-saxonnes, les textes qu'il préférait. Le travail d’écrémage des mauvais textes avait déjà été faits par ses homologues américains... En prenant les meilleures nouvelles de chaque livre, il s'assurait de produire une excellente antho, d'autant qu'il a plutôt bon goût. Tout ça pour pas vraiment plus cher qu'une antho originale... Trop cool.

Cet Éros au Futur est plutôt réussi, même si on n'y trouve pas, de nos jours, le "frisson de l'audace" qui, peut-être, imprégnait la chose en 1977. En tout cas, les textes ont bien passé l'épreuve du temps...
Les deux nouvelles de Silverberg sont de beaux textes bien de leur époque, celle où il était non seulement en verve, mais aussi "habité"... Le texte de Brian Aldiss est tout simplement excellent. A la relecture des univers, ainsi qu'ici, je me rends compte que j'aime beaucoup Aldiss. Je me souviens en revanche de n'avoir pas vraiment apprécié ses romans à l'époque... Peut-être est-il temps que j'aille m'y plonger de nouveau (à moins qu'il ne soit vraiment bien meilleur novelliste que romancier ??) 

Certaines nouvelles accusent leur âge et sont peut-être un peu moins intéressantes de nos jours, pour avoir gagné en "banalité", comme celles de Joanna Russ ou de Pamela Sargent. Mais d'autres, bien qu'un peu "défraîchies" également, restent très lisibles par l'efficacité de l'écriture, comme celles de Piers Anthony ou Terry Champagne, par exemple...

J'ai beaucoup aimé l'ensemble de l'antho... La seule nouvelle à m'avoir déçu a été celle d'Harlan Ellison, trop brouillonne, banale et longue pour retenir mon attention...