Il y a certains actes que l'on accomplit seul, dans son
coin. On laisse son esprit vagabonder, on se raconte des histoires,
on se tripote rêveusement le sexe et, qu'on soit mâle ou femelle,
ça se termine en plaisir et flaque humide... On passe ensuite un
petit bout de Sopalin, on se rajuste et on oublie.
Eric-Emmanuel
Schmidt (hmm, Eric, c'était trop banal ?) s'est enfermé dans son
petit bureau, seul. Il a laissé son son esprit vagabonder, s'est
raconté des histoires en se tripotant rêveusement l'engin (ici, un
ordinateur) et ça s'est terminé avec un petit texte humide (la
preuve, il coule tout seul quand on le lit)... Hélas, au lieu de
passer le Sopalin, il a été tout fier de sa production, l'a envoyée
à son éditeur qui, ne reculant devant rien (c'est le propre de
l'éditeur), l'a reproduite en grosses lettres, pour que ça fasse
quand même 96 pages (fallait bien que ça ressemble à un livre pour
le vendre) et l'a publiée.
Il faut dire que depuis qu'Howard Buten a fait un carton
avec « Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué » (carton
mérité, car ça, c'était un bon livre), il est courant de trouver
des livres écrits à la première personne comme si c'était un
enfant qui parlait...
Dans le cas d'E-E Schmidt, le narrateur est un pauvre
petit garçon leucémique vivant ses derniers jours à l'hôpital et
nous suivons sa correspondance avec Dieu (yurk). Pathos garanti. Sauf
que le langage n'est pas celui d'un enfant de dix ans, c'est celui
d'un de ces écrivains qui se regardent écrire avec délectation, à
la Djian. C'est facile à lire, certes, mais c'est gonflant, surtout
quand ça vient mêler mysticisme à deux balles, personnages hauts
en couleurs, situations rocambolesques, sentiments à la noix... Tout
ça déjà vu mille fois en plus... Sur le même thème, voir le film
Tom et Lola, dix fois plus joli et poétique...
Bilan
de la chose : trois quarts d'heure de lecture pénible... Ensuite, il
faut faire soi-même ce que l'auteur aurait dû faire de cette œuvre
onaniste dans la solitude de son petit bureau : Sopalin
et on oublie !
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