dimanche 17 mars 2013

univers 14



Suite de la période politico-n’importe quoi d’univers... Entendons-nous : ce n’est pas le côté politique d’Univers qui me dérange/dérangeait, d’autant que je partage nombre d’entre elles, en particulier de celles de Monsieur l’ex député Vert Yves Frémion, mais le grand déballage des nouvelles incompréhensibles ou dérisoires sous couvert de modernité... En gros, je constate que ce que je n’avais pas aimé à l’époque, je ne l’aime toujours pas. Le contraire est rarement vrai...
Dans cet Univers 14, je glisserai charitablement dans la première poubelle (de tri sélectif) venue, les textes de Jack Dann et Leveghi, oubliés 5 minutes après les avoir lus...
Dans la 2e poubelle, celle des textes sans intérêt autre qu’anecdotiques, je balancerai le Thirion (frénétique comme à son habitude, mais certaines des ses nouvelles étaient plus réussies), le Houssin (pochade-copinage, dommage), le Coney (apparemment incompréhensible, mais qui s’éclaircit sur la fin, sans pour autant rendre le texte intéressant, quel supplice!) et même le Marlson (banal)
3e bac, nouvelle pas mal, mais très (trop) classique, le Plaisir solitaire de Brian Aldiss, variation sympathique sur Jack l’Eventreur...

Je ne sauverais donc réellement de cet Univers que quatre mémorables pièces :

* l’essai de Bernard Blanc La S-F est-elle radioactive ?, à la fois rigolard et véhément, du pur Bernard Blanc d’alors... Pas étonnant que je fusse à l’époque abonné au Citron Hallucinogène...

* D’amour, de libre arbitre et d’écureuils gris par un soir d’été de Stephen Goldin, une magnifique nouvelle de SF, classique, romantique, éternelle. Parfaitement écrite, avec retenue. J’adore...

* Chronique d’écriture S-F d’Yves Dermèze, petit article (ou nouvelle) d’humour SF bon enfant et malicieux, comme les adorait Dermèze, alias Paul Bérato... Paul Béra est souvent considéré comme un auteur français très mineur et c’est vrai qu’il n’a jamais révolutionné le genre, mais il a passé sa vie à écrire sans faillir des romans de SF qui se tiennent, tout en se tenant à l’écart des modes et des genres. Il était en outre d’une gentillesse et d’une simplicité remarquable et j’ai correspondu un bon moment avec ce vieux monsieur qui vivait modestement "dans sa grande bâtisse en phase de décrépitude avancée" (© Lionel Evrard) du Sud de la France, avec ses 17 chats. J’ai même publié quelques unes de ses pochades dans Lendinstorize, des petits textes humoristiques, qu’il m’envoyait écrits au stylo de sa petite écriture très lisible, mais un peu tremblotante, sur des petits morceaux de papier pelure, des récupérations, car, m’avait-il confié dans un courrier, il tirait sur tout, parce qu’il vivait au seuil de la misère !
Un triste jour, je lui avais envoyé son exemplaire de Lendinstorize et celui-ci était revenu avec la mention « décédé », me rendant bien triste de n’avoir jamais pu rencontrer mon « papy-sf »...
De le retrouver publié dans Univers me fait plaisir, car cela prouve que certains savaient reconnaître le talent où il était, même sans « charge politique » pour l’enrober. Merci Frémion...
De surcroît, le texte est hilarant !;-)

* Le meilleur de cet Univers (et c’est bien la seule fois), c’est le Port Folio de Volny : Sondage. En 6 images d’une sobriété parfaite, il a tout dit de l’indifférence dans lequel vit le monde, de l’hypocrisie des media et des sondages, de notre aveuglement quotidien... C’est une pure merveille...
Tiens, d'ailleurs, je suis sûr que ça ne dérange personne si je le passe ici :



 

3 commentaires:

  1. d'après Lionel Evrard, retrouvé grâce à facebook et qui a connu Bérato, ce n'était pas une "petite maison... je cite : "Il vivait là avec sa mère (et si lui n'était plus tout jeune, elle l'était bien moins encore), petit bout de femme tordu par la vie mais qui continuait à s'activer à petits pas dans la grande bâtisse en phase de décrépitude avancée, dehors comme dedans. C'était chez eux un véritable capharnaüm où s'amoncelaient en strates quasi-géologiques les souvenirs de toute une vie. La situation était pire encore et l'on risquait à tout moment l'ensevelissement dans la grande pièce jouxtant la cuisine dont Paul avait fait son bureau."

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  2. Merci de cette belle évocation de Paul Bérato, que j'ai un peu connu aussi. (Ainsi que pour le magistral Portfolio de Volny.)

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  3. Merci à vous deux de lire mes élucubrations ;-)

    Je corrige donc la taille de la maison dans le texte... Je n'avais jamais vu la bâtisse, mais me l'était figurée suite à notre correspondance... Les précisions de Lionel complète parfaitement cette image... Et avive mon regret de ne jamais l'avoir rencontré... Même si entre les chats et la poussière des vieux papiers accumulés, j'aurais probablement passé la journée à éternuer et à essayer de surmonter ma crise d'asthme !!!!

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