jeudi 30 août 2012

La Mémoire des pierres

Allez, Roland est parti et ce sont les fans de SF qui ont le mieux compris comment réagir... Ainsi la XXe Bradocon va être rebaptisée "Red Deff Con" (pour les gens du Sud-Ouest : "Red Deffe, con") et on va y amener ce qu'on trouve d'inédits de Roland, de choses qu'il aimait et on va déconner sans compter à sa mémoire, pour faire rire l'archétype incarné de l'écrivain rocker fou qu'il est devenu dans la psychosphère...

Alors, puisque je fouille dans mes vieuzeries fanzinesques, je ne résiste pas à vous faire partager quelques vieux souvenirs, certains n'étant d'ailleurs pas strictement Wagnériens, mais bon, bordélique un jour, bordélique toujours....

Petit tour à la convention de Rambouillet en 83... Ma première conv, c'était en 82 à Quetigny et il me semble me souvenir que Roland y était aussi (me souvient d'un cosmic à la caféteria), mais il était un peu lointain pour le petit fan transi que j'étais et je n'ai aucune photo de lui (l'autre solution, c'est qu'il n'y était pas, mais ma mémoire est en défaut là-dessus. Pas moyen de me souvenir... Je me souviens surtout que je n'ai fait que la moitié de la convention, tout simplement parce qu'on jouait jusqu'au petit matin et que je n'émergeais du sommeil qu'autour de midi, l'heure de trouver un truc à bouffer pas cher avant de rejoindre la convention... Je n'y ai donc jamais connu un matin. Y avait-il quelque chose le matin ???)
En 83, en revanche, je me souviens du lieu, des gens, mais pas vraiment de ce qu'il y avait autour... J'y étais allé avec Marie-Pierre et aussi Fred Blayo... Roland était là, dans sa panoplie de rocker...
On le voit ici, inévitablement, sur le stand de Vopaliec-SF qu'il contribuait largement à remplir, en compagnie du jovial Patrice Verry, responsable de tant de nuits blanches pour moi, puisque grand initiateur de ce jeu fabuleux dont je ne suis toujours pas remis : le Cosmic Encounter...

C'est lors de cette convention, je pense, qu'André Ruaud et moi avions décidé de créer le fan-club de Jean-Daniel Brèque et Patrick Marcel, sympathique non association qui n'a servi qu'à nous faire plaisir et à eux aussi ;) Outre le grand "Tac au tac" auquel avaient participé tous les dessineux, JDB y avait créé le "Rambouilléti", gigantesque personnage sur papier nappe qu'en tant que président du fan-club, j'avais récupéré en fin de convention :

Je n'ai jamais su ce que je pouvais faire de cette magnifique œuvre sur papier auto-destructible, mais je me la suis trimballée de déménagement en déménagement, roulée dans une tuyau de carton, un peu plus déchirée et jaunie chaque fois... Je crois qu'elle a fini au recyclage après bien des atermoiements (à moins qu'elle traine encore dans son tube dans le garage ?? Le pire serait que ce n'est pas impossible...)

Pour en finir avec Rambouillet, Roland en conversation avec Dardinier (sur béquilles), à l'arrière-plan, apparemment je mange une pomme, tandis que Michel Pagel... ben, on ne sait pas ce qu'il fait avec la main en l'air... Pas en train de téléphoner en tout cas : le portable n'existait pas ! A gauche, le barbu, c'est Alain Grousset et le chevelu, je ne sais pas, je dirai Eric Vial, mais c'est pas sûr... En tout cas, qui utilisait mon Canon ? Marie-Pierre ?

Un petit saut de deux ans : quelqu'un sait-il pourquoi Jean-Daniel avait dessiné une noisette sur le bide de Jean-Pierre Vernay ???
On est en août 1985, et, visiblement, ça se passe chez Roland !!!
Je me demande bien pourquoi je n'ai qu'une seule photo de l'occasion... (A moins qu'il ne faille refaire une fouille en règle des carton de photos... J'ai fait ça vite fait, parce qu'au sol dans le placard, c'est pas top à cause de mon entorse du genou !!!)
(à suivre...)

;-)

mercredi 29 août 2012

Le Vol du Dragon – Anne Mc Caffrey



J'avais lu tant de bien de la Ballade de Pern, que j'avais téléchargé tous les premiers volumes, bien décidé à essayer... C'est chose faite...
Club de la Page 30. Un paquet de poncif de Fantasy, les Guerriers en visite sur le fief du félon, les chevaliers-dragons sur le déclin, mais qui veulent redorer leur blason. Une narration éculée et terriblement ennuyeuse...
Je suis en fait quasiment allergique à la Fantasy... Il faut vraiment que ce soit exceptionnel pour que j'accroche... Mais quand c'est du pur cliché ridicule, au secours.

Hop. Effaçage.

dimanche 26 août 2012

L'Adversaire – Emmanuel Carrière



Lorsqu'à la fin de la braderie de Cassel, Christine me donna une pile de livres de poche avec mission de les pochetroquer, je saisis l'occasion, étant toujours prêt à me faire envoyer quelques mangas ou poches gratos... En les rangeant dans l'étagère, je lus la quatrième de couverture de ce roman, ce que je ne fais jamais, mais bon, c'était pas pour le lire, juste pour savoir si c'était un polar ou non, avec un titre pareil...
Et là, je fus interloqué par ce résumé. Comme l'actualité est une chose à laquelle je ne suis perméable que par brèves périodes, j'étais complètement étranger à l'histoire de ce criminel pas comme les autres, dont je n'avais absolument jamais entendu parler... Je ne suis pas non plus attiré par les « histoires vraies », mais le fait que ce type avait vécu pendant des années, marié, père de famille, en prétendant être médecin alors qu'il n'était rien (professionnellement parlant) me paraissait tellement aberrant que de savoir que c'était vrai m'a empli de curiosité...
Quand j'ai constaté qu'en plus Marcel l'avait dans son sac à dos, je m'y suis plongé, la curiosité laissant vite la place à un malaise grandissant. Non seulement c'était possible, mais c'était arrivé et, au lieu d'être incroyable, c'était sordide, petit et ce type, à mon sens mentalement dérangé, existe et est en prison (même pas en HP). Il devrait en sortir en 2015, ce qui fait une belle jambe à sa famille massacrée et aux proches spoliés. Apparemment, il s'achète une conduite à coup de ferveur religieuse et de pardon catholique, ce qui est une raison de plus pour moi d'avoir des hauts le cœur, tant ça prouve que l'étau d'obscurantisme gère encore profondément notre société.
Quant au livre, il hésite entre fascination écœurée et compréhension de la détresse profonde de l'assassin, gommant honteusement l'existence des victimes qui sont presque des accessoires, des éléments qu'on raconte comme des anecdotes dans la trajectoire du Menteur, qui est son sujet premier.
En fin de compte, j'aurais préféré une relation plus objective, journalistique et informative que cette espèce de réhabilitation admirative, même si elle n'est pas exempte de doutes et de réserves, d'un type qui sort peut-être de l'ordinaire par son histoire, mais n'est en fait qu'un malade qu'on n'a pas soigné et qui a terminé sa longue crise existentielle par un sanglant massacre de femme, enfants et parents...

Monsieur l'Auteur, vous n'êtes pas net, je me passerai de vos autres livres...

samedi 25 août 2012

Colorado Kid – Stephen King



Un Stephen King mineur sur le mystère d'un cadavre retrouvé des années plus tôt dans un petit coin perdu du Maine. Le choix de la narration (deux vieux journalistes racontent le cas à leur jeune stagiaire qui, on s'en doute, viendra les remplacer plus tard) fait que le roman est très bavard et pas très passionnant. Il y a quelques bons moments, mais après la deuxième lecture de ce petit bouquin, je ne suis toujours pas capable de raconter vraiment de quoi il s'agit... On l'oublie au fur et à mesure qu'on le lit.
King a inventé le roman auto-effaçable... Ce type est trop fort...

vendredi 24 août 2012

Que sa volonté soit faite – Tamiki Wakaki

Dans le genre « comédie romantique fantastique sur un sujet de société japonais », je m'étais acheté les trois premiers tomes de « Que sa Volonté soit faite », pour voir...
J'ai vu...

Très joli manga au trait assez kawai, le scénario met en scène Katsuragi, un otaku pur et dur, spécialisé dans les jeux d'amour et de drague et qui se surnomme le « Dieu Tombeur », car aucune fille virtuelle ne lui résiste... Une démone, Elsy, qui cherche à chasser des âmes en fuite, échappant au royaume des morts en prenant possession des cœurs défaillants des jeunes filles en péril, s'adjoint par la ruse la coopération de Katsuragi par contrat démoniaque, du genre qu'on ne peut briser sans mourir... Bien entendu, elle n'a rien compris et a cru qu'il était un réel tombeur de filles... Or, non seulement il n'a jamais approché une fille de sa vie, mais en plus ça ne l'intéresse pas , vu qu'elles sont réelles et que seul le virtuel l'intéresse...
Sur cette base, Wakaki brode des scénarios très bien ficelés et hilarants, aux personnages très justes. Katsuragi est bien sûr pathétique, mais aussi très malin et s'il est souvent ridicule, il remplit quand même systématiquement sa mission, assisté de sa naïve et maladroite démone, qui l'appelle « Grand frère Dieu »
Un très, très chouette manga qui me fait bien rire et dont je vais aller me dégoter les numéros suivants...

jeudi 23 août 2012

Réglez-lui son compte – San-Antonio

Il y a bien longtemps, quand j'avais entre 13 et 15 ans, j'ai lu un maudit paquet de San-Antonio... Entre ceux que j'avais trouvé dans une valise offerte par mon grand-père, tas de vieux polars tout droit sortis de braderies et récupérations diverses, comme il savait si bien en faire, ceux que je récupérais moi-même dans diverses brocantes et ceux que j'avais à prêter, j'étais un grand fana des aventures gouailleuses du commissaire inventé par Frédéric Dard... Un beau jour, cependant, je me suis lassé du filon : les intrigues se réduisant à peau de balle, le style flamboyant se transformant en style paresseux. Dard enfilait les romans comme d'autres les boulons, à la chaîne , et ça se ressentait drôlement. En gros, c'est facile à dater : le jour où l'auteur s'est mis à invectiver ses lecteurs en les tutoyant, j'ai cessé de lire ses délires de bas étage...
J'ai pourtant toujours gardé un bon souvenir de toute la première période et je me disais qu'un jour...



Vive Marcel ! J'ai récupéré tous les premiers romans de San-A et je me suis décidé à plonger dans le tout premier. Bon, c'est, je crois, le tout premier par ordre chronologique, mais il a été publié « en série » bien plus tard. Il ne s'agit pas d'un roman, d'ailleurs, mais de deux nouvelles pas mal tournées, quoiqu'un peu faiblardes côté intrigue. Cependant, ça m'a permis de replonger dans le style « San-A », la verve inimitable, l'argot semi-inventé, le personnage haut en couleurs (mais qui s'en prend plein la tronche, car il n'est apparemment pas si malin qu'il le claironne). C'est un vrai plaisir et ça provoque un irrépressible sourire... Nul doute que je m'offrirai encore de ces petites récréations.

mardi 21 août 2012

La Huitième Couleur – Terry Pratchett

J'avais déjà essayé, il y a quelques années d'entamer la lecture du très estimé cycle du Disque-Monde, dont le côté Pythonien tant vanté ne pouvait que me plaire, et je n'avais même pas réussi à lire le premier tome en entier, tome dont j'avais depuis tout oublié... 
 
Les conversations sur le forum m'ayant redonné envie de réessayer, je me suis plongé de nouveau dans ce premier tome, m'attendant à lire un roman... En fait, il s'agit d'un recueil de nouvelles et si cela n'est pas inintéressant, je me trouve quand même à peiner à finir chacune d'entre elle. Je n'entre pas du tout dans l'histoire, parodie d'Heroic Fantasy, genre qui n'a pas vraiment besoin de ça, car il y a trop peu de distance entre l'original et la parodie. L'humour est un peu potache et les ficelles souvent grosses (ce qui pourrait ne pas être un problème en soi, j'aime pourtant beaucoup l'humour Hénorme) , mais rien à faire : je m'ennuie en lisant ce livre... J'avoue même être en train d'en faire le bilan avant même d'avoir fini la quatrième nouvelle...
que j'ai fini par finir, mais ça m'a pris un temps infini et je suis resté de marbre... Bof.

lundi 20 août 2012

Le Cañon des Aigles – HS Murray

Par le biais de chargement de masse d'ebooks pour nourrir la machine, je me suis retrouvé devant un paquet de livres sur lesquels je n'aurais jamais posé les yeux en librairie. J'en ai effacé pas mal, mais en ai gardé, bien entendu beaucoup et même beaucoup trop. Toutefois, il est amusant, voire même intéressant d'ouvrir par hasard un bouquin inconnu. C'est ce qui est arrivé avec ce western dont j'ai lu les premières pages avec un sourire goguenard, persuadé que je l'effacerais bien vite (le sourire, mais le livre aussi ;-)...)

Et puis, non... C'est un solide roman d'aventure, avec ses cow-boys et ses bandits, ses personnages un peu maudits et poursuivis par le destin. Je n'en ferai pas mon ordinaire, mais je l'ai lu avec intérêt dans de très brefs délais... Certains « chefs-d'œuvre » ne bénéficient même pas d'un tel privilège !!!

dimanche 19 août 2012

Celtas Cortos à Saint-Quai-Portrieux

J'étais plutôt déçu d'apprendre que Celtas Cortos, groupe de folk/rock/ska bien barré espagnol passait par chez nous fin juillet pendant que nous étions en Bretagne, parce que ça m'aurait bien tenté d'aller les voir sur scène... Et, inversement, j'ai été plutôt content d'apprendre qu'ils étaient en concert (gratuit en plus) à trente minutes du gîte le vendredi 20 juillet...
Plutôt content... disons même surexcité. J'annonçais immédiatement ma décision : « Vous, je ne sais pas, mais moi, j'y vais ! » Comme j'en passe régulièrement dans la voiture, tout le monde connaissait un peu et ça branchait Coco d'y aller. Les filles étaient partantes aussi, y voyant l'occasion d'une fête et de sortir « maquillées comme dans le clip de Rhianna », assez impressionnée aussi pour Lolo par l'ambiance d'avant concert sur l'album que je possède. Faut dire que c'est un live d'un concert chez eux et forcément le public « dépote »...
Concert en famille donc, c'est dit...

"LE" morceau que toute la famille adore !
Le clip a quelques années, ils ont maintenant
plus de bouteille, mais une pêche inchangée. 
Voyez le public sauter comme des malades ! Bon.
J'aurais dû être plus délicat : entorse du genou, m...e !

Le jour venu, beau ciel bleu, excellent. Je trouve la route tout de suite, impeccable, nous sommes à pied d’œuvre à 20h45 pour le concert de 21h...
Malheureusement, ils ont un peu de retard et ils entrent sur scène à 21h25 devant un public un peu clairsemé... Dur, dur pour le bout de chou. Toute la famille est installée sur les gradins, sur le côté de la scène et je suis, bien sûr, debout au centre, à mi-chemin entre la sono et la scène.
Sept musiciens bien rodés envahissent la scène et c'est parti pour un infernal mélange de musique celtique, de rock, de ska, délivré avec une pêche d'enfer et plein d'humour. Le chanteur a un look de « rocker alternatif » et balance ses notes d'une voix rocailleuse, le guitariste fait très « propre sur lui », limite guindé, le bassiste a un look disons « normal » et il assure vraiment un maximum... On a un excité total à l'arrière-plan, casquette en tissu et t-shirt « Breizh » qui délire avec un biniou électrique en forme de flying V recouvert de peluche tigrée !!!!
Le show vaut son pesant de cacahuètes... Je saute comme un kangourou et les musiciens en font autant car ils ont une pêche redoutable et ne ménagent pas leur peine... C'est EX-CEL-LENT et j'y retournerai...
Pendant tout le début du concert, j'ai quand même un peu de mal à rentrer dedans, parce qu'Isou Bisou, mon diablotin de quatre ans, fait la navette entre la famille sur son banc et moi au centre et j'ai toujours un peu peur qu'il se fasse mal ou s'égare. Coco finira par l'immobiliser à côté d'elle, mais il fera une bonne crise de larmes : faut pas restreindre sa liberté, le pauvre... Mais bon, on est des parents indignes et on préfère un gamin qui pleure plutôt qu'un gamin qui meurt...
Le sachant à l'abri, j'ai pu ensuite prendre mon pied...
Ça me faisait juste un peu bizarre d'être seul au centre et eux là-bas, mais bon, ce n'était que le deuxième concert en famille... Le premier, c'était Marcel, et les enfants avaient leurs cousins pour s'éclater ensemble quand le concert leur paraissait trop long...
Entre leurs titres originaux, les traditionnels remis à leur sauce et une belle reprise de « Fisherman blues » des Waterboys, le spectacle était parfait et j'ai tant sauté sur le bitume que j'ai un mal de chien dans les tendons du genou aujourd'hui... Pffff, ça s'arrange pas... Il va falloir soit que je me calme, soit que j'augmente la quantité de concerts pour garder un certain entraînement...
J'avoue que la deuxième solution ne me déplaît pas....
(Quelques jours et une très longue balade plus tard : entorse du ligament interne du genou droit qui vient gâcher les vacances, je suis bien dégouté...)

Si c'était à refaire – Marc Lévy

Réponse : non.

Si c'était à refaire, je ne relirais pas ce roman gentillet où tout se déroule sans surprise dans l'ordre où l'on s'attend à le voir se dérouler. La surprise finale, qui n'en est pas une, est digne d'une copie pas très réussie de collégien (c'était un rêve) et ne rend même pas le bouquin fonctionnel, car, à sa lumière, de nombreuses invraisemblances voient le jour.
Bref, je peux au moins dire que j'ai essayé un Marc Levy,

Faible bilan...

vendredi 17 août 2012

La Princesse des Glaces – Camilla Läckberg

Toujours à la recherche de nouveaux auteurs de polars, je me suis penché sur le dernier auteur scandinave « à la mode », Camilla Läckberg, craignant un peu de tomber sur un phénomène un peu décevant comme la trilogie Millenium, qui étaient composée de polars pas mal à mon goût, mais un peu ratés quand même, englués qu'ils étaient dans un background politico-économico-journalistique un peu imbuvable...
Pas de cela ici, c'est d'un bon polar « à la suédoise », proche des gens, dont il s'agit. Plus optimistes que les Wallander, il met en scène l'écrivain Ericka Falck, qui ne tardera pas à tomber amoureuse du policier Patrik Hedström, et réciproquement. En combinant la curiosité insatiable de l'une avec l'exploration méthodique de l'autre, les ficelles assez enchevêtrées d'une intrigue bien réfléchie se dénouent et on lit avec grand plaisir cette enquête se passant dans un petit village où tout le monde se connaît. C'est le syndrome Elizabeth Georges transposé à la Suède...

Seuls les passages mettant en scène le trop caricatural supérieur hiérarchique de Patrik ne m'ont pas convaincus. Destiné à être le faire-valoir grotesque, mettant en valeur le jeune héros, un peu insipide face à sa dulcinée bien campée, l'exagération enthousiaste de l'auteur le détourne de son rôle et lasse rapidement... J'espère qu'il sera éliminé des volumes suivants... A suivre, car nonobstant ce défaut, le livre se dévore en un temps record...
;-)

jeudi 16 août 2012

Oscar et la Dame rose – Eric-Emmanuel Schmidt


Il y a certains actes que l'on accomplit seul, dans son coin. On laisse son esprit vagabonder, on se raconte des histoires, on se tripote rêveusement le sexe et, qu'on soit mâle ou femelle, ça se termine en plaisir et flaque humide... On passe ensuite un petit bout de Sopalin, on se rajuste et on oublie.
Eric-Emmanuel Schmidt (hmm, Eric, c'était trop banal ?) s'est enfermé dans son petit bureau, seul. Il a laissé son son esprit vagabonder, s'est raconté des histoires en se tripotant rêveusement l'engin (ici, un ordinateur) et ça s'est terminé avec un petit texte humide (la preuve, il coule tout seul quand on le lit)... Hélas, au lieu de passer le Sopalin, il a été tout fier de sa production, l'a envoyée à son éditeur qui, ne reculant devant rien (c'est le propre de l'éditeur), l'a reproduite en grosses lettres, pour que ça fasse quand même 96 pages (fallait bien que ça ressemble à un livre pour le vendre) et l'a publiée.
Il faut dire que depuis qu'Howard Buten a fait un carton avec « Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué » (carton mérité, car ça, c'était un bon livre), il est courant de trouver des livres écrits à la première personne comme si c'était un enfant qui parlait...

Dans le cas d'E-E Schmidt, le narrateur est un pauvre petit garçon leucémique vivant ses derniers jours à l'hôpital et nous suivons sa correspondance avec Dieu (yurk). Pathos garanti. Sauf que le langage n'est pas celui d'un enfant de dix ans, c'est celui d'un de ces écrivains qui se regardent écrire avec délectation, à la Djian. C'est facile à lire, certes, mais c'est gonflant, surtout quand ça vient mêler mysticisme à deux balles, personnages hauts en couleurs, situations rocambolesques, sentiments à la noix... Tout ça déjà vu mille fois en plus... Sur le même thème, voir le film Tom et Lola, dix fois plus joli et poétique...

Bilan de la chose : trois quarts d'heure de lecture pénible... Ensuite, il faut faire soi-même ce que l'auteur aurait dû faire de cette œuvre onaniste dans la solitude de son petit bureau : Sopalin et on oublie !

mercredi 15 août 2012

Insupportable – Didier Porte


Dans ce court bouquin, l'humoriste viré de France Inter par les hérauts de la Sarkozie triomphants, Jean-Luc Hees et Philippe Val, dit l'arriviste vire-casaque, revient sur les raisons et les modalités de son limogeage couplé à celui de Stéphane Guillon. 
 
Ça se lit très facilement et c'est toujours intéressant de lire les dessous d'une telle affaire, d'autant que Porte manie assez bien le langage et l'ironie. Toutefois, il n'y a quand même pas matière à remplir un livre et l'humoriste bouche les trous sans hésiter avec de longs extraits de ses chroniques, leur donnant ainsi une seconde (ou parfois troisième) vie. Après tout ces papiers sont déjà écrits et s'ils peuvent rapporter un peu d'oseille à un pauvre chômeur, ce n'est pas plus mal, d'autant que (pour certains) on les relit avec délectation...

PS : La postface de Raoul Vaneigeim  est au moins aussi intéressante que le livre...   ;-)

lundi 13 août 2012

Persistance de la Vision...

Dix jours maintenant que Roland a disparu et le monde tourne toujours, il y a juste un vide, là, comme si un millénariste transparent était assis dans ce coin...

Le matin de la cérémonie d'adieu, j'étais en voiture et c'était un moment où je n'y pensais plus, concentré sur ce que nous allions faire. Le random du lecteur de mp3 de la voiture nous a balancé du Brain Damage, à 11h, l'heure où son corps devait quitter la terre, ne laissant que son souvenir errer dans la psychosphère...
J'ai abandonné mes convictions religieuses dans mon enfance, à la découverte de l'inexistence des cloches de Pâques (il y avait des œufs en chocolat plein l'armoire !). Ce jour-là, j'ai pris conscience que la petite souris n'existait pas non plus. Pire, que le Père Noël était aussi imaginaire. Et le plus horrible : les êtres en qui j'avais la plus aveugle confiance, mes parents, m'avaient menti sur tous ces sujets durant toute ma vie (même ça ne faisait pas si longtemps que ça). J'ai pleuré à chaudes larmes sur cette trahison et j'ai douté ensuite systématiquement de ce qu'ils me disaient, balançant aux chardons par la même occasion, les sornettes débitées par les curés, catéchèses et autres fous quotidiens de dieu (ah merde, je ne trouve plus la majuscule. Bon. C'est pas plus mal...) Tout ça pour dire que je sais bien que c'est le hasard qui m'a mis du Brain Damage à cette heure-là (d'autant que la probabilité est renforcée par le fait qu'il y a beaucoup de titres de BD dans ma sélection), mais quand même, s'il devait y avoir un coup de pouce surnaturel, je préfèrerais que cela vienne de l'Archétype Incarné de l'écrivain rebelle de SF...





 Comme j'ai peu confiance dans la pérennité des forums, je recopie ici, dans ce blog transformé en journal intime / carnet de souvenirs, deux textes que j'ai écrit sur des forums  tout de suite après avoir reçu la triste nouvelle...

 1/
J'ai appris ça par téléphone ce midi et je m'arrange pour rester avec les enfants, parce que tout seul, je pleure...

Roland était un type extraordinaire et on a passé de bons moments de conventions en festivals... J'ai beaucoup pleuré chez lui dans les années 80, à cause de mon allergie féline et l'omniprésence de Shayol, son chat (nommé ainsi d'après la fameuse planète dans Les Seigneurs de l'Instrumentalité, Roland, c'était la SF 24h sur 24)... J'ai plongé dans la psychosphère dès ses débuts, j'ai publié une paire de ses nouvelles au temps glorieux des fanzines avant qu'il soit professionnel. Il m'a fait découvrir plein de choses, y compris des trucs qui n'ont rien à voir avec la SF (comme le halva, miam). J'aimais ses colères, son érudition, ses contradictions. J'aimais son végétarisme à géométrie variable. J'aimais ses enthousiasmes, son acharnement, sa générosité... Bref, j'aimais Roland et les années passées sans le voir n'y changent rien...

Et puis j'aimais, j'aime et j'aimerai ses livres, son univers construit petit à petit, avec humour (toujours), démesure et intelligence... J'étais en train de relire Les Futurs Mystères de Paris, que j'ai rachetés dans l'édition de l'Atalante... J'avais justement relu le mois dernier, les dédicaces délirantes qu'il m'avait faites sur les livres de Jimmy Guieu écrits par ses soins sous le pseudonyme de Richard Wolfram... Excellent...

Si vous voulez rire un peu, voici deux nouvelles de l'époque joyeuse du fanzinat qu'il offrait en ebook :
http://shayolfreepress.blogspot.fr/
Oui, Shayol encore...

Quant aux disques de Brain Damage (sur Shayol Records, bien sûr...), si vous voulez y jeter une oreille, ils sont presque tous en téléchargement gratuit sur le site du groupe que Roland avait mis en ligne il y a quelques années :
http://rcw.nerim.net/brain/brainac.html

Mes filles adorent écouter "Viens danser le Smurf avec les Schtroumpfs" et je me souviens des gens qui se retournaient sur ma cadette dans la rue, un jour qu'elle chantait "Payez, payez pour l'oxygène"... Faut dire qu'elle avait 4 ans...)

Et allez le voir déconner dans un clip fait maison sur "Clique sur le mulot" :
http://www.dailymotion.com/video/x2z4m4_brain-damage-clique-sur-le-mulot_music

"La culture n'appartient à personne, ou plutôt elle est à nous tous,  elle doit circuler librement dans toute l'humanité, sans la payer, la richesse des créations humaines doit être partagée en toute liberté, pour que chacun puisse s'enrichir, élargir sa connaissance spirituelle...
(...)
Fuck le pognon !
Nique l'argent !"


C'est tout Roland en quelques mots : révolte, générosité, mais aussi dérision, humour, naïveté, enthousiasme...

J'arrête. Je retourne vivre. Et je vais faire gueuler Brain Damage sur ma chaine, pour faire rire Roland, où qu'il soit.


2/
Depuis lundi, quand Jones m'a téléphoné pour m'annoncer la triste nouvelle, il ne se passe pas une heure sans que je revoie Roland...
Dans des conventions de SF, la cigarette au bec en train de raconter avec enthousiasme son prochain roman; au micro de Brain Damage dans une petite salle de répét' sordide où il m'avait trainé; dans une chaise longue à Longpont sur Orge, chez Michel Pagel, où il avait séjourné un moment et m'avait invité quelques jours (en l'absence de Michel, dommage); chez moi à Roubaix, tard dans la nuit, tandis qu'on expliquait avec enthousiasme au Z. les longs dialogues et le fun qu'on prenait sur RTEL, en 3614, juste avant que Francis saisisse ma batte de base ball et la brandisse en criant "moi aussi, je vais taper sur le minitel"...
Je le revois aussi courant sur le bar d'un petit bistrot Parisien où Brain Damage donnait un concert sur une scène de 4m², et rentrant super-content ("c'était un bon concert : j'ai couru sur le bar...") ou découvrant la photo mal scannée d'une maîtresse en corset de cuir illustrant la chanson "esclave" dans le recueil de textes de Brain Damage que j'avais publié (avec la nouvelle alors inédite "Hors Monde, Hors Temps", magnifique) et son commentaire amusé "on lui voit la touffe, c'est bien", là où tout ce que je voyais, c'était une belle paire de fesses, chacun son obsession...
Je le revois aussi me répondre avec sa mauvaise foi caractérisée, un jour où je me fichais de lui parce qu'il se régalait de crevettes, pauvres animaux innocents sacrifiés dans son estomac végétarien, enfin végétarien sauf ce soir-là... Et lui, très sérieusement, très véhémentement, très Wagnérien : "mais ces animaux-là ne pensent pas, alors ça ne compte pas..."
Plein d'autres moments encore, car il ne fallait pas fréquenter longtemps Roland pour accumuler les anecdotes, il était incroyable. Incroyablement chaleureux, incroyablement humain, incroyablement talentueux, incroyablement chiant aussi, voire même chieur, il en était fier (mais je m'en fous : j'ai toujours été du bon côté, ouf Wink ),
Je ne l'avais pas vu depuis une quinzaine d'années, mais on avait échangé quelques mails, je savais ce qu'il devenait quand je croisais AFR, et puis je lisais toujours ses romans, moi qui ne lisais quasiment plus de SF (au point que je ne connaissais même pas ce forum, où je ne suis arrivé qu'ici, à cause de lui et de sa mort idiote.)
Je remettais toujours au lendemain le fait de reprendre contact avec lui (ceux qui me connaissent savent que c'est une de mes spécialités), et je m'en accommodais très bien car je savais qu'au hasard d'un événement ou d'un moment de vacances pas trop loin de chez lui, je n'aurais qu'à sonner pour le retrouver et déconner comme si c'était hier...
Connerie ! J'aurais dû savoir que la probabilité que tout aille bien diminue drastiquement avec les années, mes albums de photos commencent à contenir plus de disparus que d'amis vivants, et ce n'est qu'un début.
Je n'ai plus que le regret d'avoir remis au lendemain. Des regrets et un immense chagrin, des larmes qui coulent à chaque évocation de ce type fabuleux que je n'ai pas peur d'appeler mon ami, même après tant d'années sans le voir... L'absence n'est rien quand on sait qu'un coup de fil peut la gommer, elle est insupportable quand elle est inéluctable.
Merde.

Je pense à toi Sylvie, qui reste et qui souffre. Je ne t'ai pas vue depuis au moins autant d'années, mais mon amitié n'en est pas moindre.

lundi 6 août 2012

Salut Roland

Je viens d'apprendre qu'hier après-midi, pendant que le monde vaquait à ses occupations diverses, Roland C. Wagner a été victime d'un accident de voiture fatal. Je me réjouissais de découvrir cet été ses deux derniers livres et comptais bien profiter de l'avis que je leur porterais pour tenter de sortir une fois de plus l'ours de sa caverne afin d'avoir quelques nouvelles, car ça faisait vraiment trop longtemps qu'on ne s'était pas croisé.

Putain. On remet toujours au lendemain et il y a de moins en moins de lendemains. Tu me manquais déjà Roland, mais je te savais vivant et délirant sous d'autres cieux, je n'étais pas pressé de te revoir, car je savais que ça arriverait tôt ou tard, à la Bradocon, dans une manifestation SF ou au détour d'une route de vacances... Là, tu vas me manquer beaucoup. Eternellement, en fait.
J'arrête là, je pleure comme un con. Connerie de route. Bordel de vie.

Je suis de tout cœur avec toi, Sylvie, si tu me lis un jour. Avec toi, Natacha, même si tu ne me connais pas (la dernière fois que je t'ai vue, tu avais sept ans !). Une pensée à tous tes amis qui partagent aujourd'hui leur peine. A tous tes fans aussi.