Avec
ce quatrième roman, Elizabeth George décide de remonter le temps et
de nous raconter le passé de ses personnages principaux. Hélas.
Hélas,
car c’était déjà un défaut difficilement supportable sur « Un
Lieu du Crime » (et un léger défaut sur « Cérémonies
Barbares » où ces personnages étaient mis de côté au profit
d’une intrigue foisonnante). Nous voilà donc parti pour un gros
roman à l’eau de rose avec les atermoiements des héros sensés être hauts en couleurs et qui sont juste affreusement
ridicules et ennuyeux. Monsieur le Comte policier, sa mère adultère,
son frère drogué (par sa faute) et son amie droguée, son ami infirme (par sa faute) et qui en souffre
dans son ego (comme si une jambe qui ne fonctionne plus diminuait la
valeur morale de son propriétaire, quel cliché malsain), sa fiancée
qui aime son ami infirme (par sa faute) (mais qui ne le sait pas,
mais nous on le sait, comment cela va-t-il se révéler, suspense
incroyable, oh la la, ma chère, resservez-moi une tasse de thé),
son futur grand amour qui travaille pour son ami infirme (par sa
faute), la sœur de son ami infirme (par sa faute) modèle de mode
délurée et amoureuse d’un vilain drogué, ami du frère drogué... Et j’en passe.
On
nage dans le mauvais feuilleton de TF1 en début d’après-midi,
avec révélations sur les mœurs dissolues d’une bande de rupins,
dissimulation de sentiments, etc. On va jusqu’à la tentative de
viol en public (mais personne ne dit rien et la victime surtout pas,
vous comprenez elle l’aime son drogué violent imbécile) et les
dissimulations de preuves par les héros pour protéger leurs frères
et sœurs. C’est con.
Et il
ne faut pas compter sur l’intrigue pour relever le niveau : on
se perd dans les tentatives de rationaliser le comportement de ces
personnages fantoches, la crédibilité est proche du néant.
Franchement, le vilain méchant de Cornouailles, voisin de Linley
là-bas se trouve être un travesti en secret à Londres (oh zut,
vous vouliez le lire ? N’ayez crainte : on le devine dès
la page 12) et elle habite où ? Sur le palier de la fiancée de
Linley... Comme le monde est petit ! Tellement petit qu’elle
travaille avec le frère de Linley et qu’ils se font surprendre par
la sœur de Saint-James et son petit copain. Et que le petit copain
est aussi dans le mauvais coup avec eux. Et plus si affinités. Et si
ça ne suffisait pas, rassurez-vous, il y a d’autres personnages,
eux aussi avec plein de liens avec tous les autres et tous aussi
coupables... C’est aussi mauvais qu’un Harlan Coben...
J’ai
subi le roman jusqu’au bout, parce que j’ai aimé les quatre
autres que j’ai lus... Mais j’envisagerai le prochain avec
beaucoup de réticence et s’il part vers ce genre d’horizon, ce
sera club de la page 30 direct... Méfiance...
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